Internet est la source de nombreux maux et de nombreuses phobies. Une peur déjà existante auparavant s’est retrouvée décuplée avec l’arrivée de la connexion constante à Internet, et donc au reste du monde. On la désigne par le terme FOMO.
FOMO, qu’est-ce que c’est ?
FOMo est un acronyme anglophone voulant dire Fear Of Missing Out, ce qui veut littéralement dire la peur de rater quelque chose. C’est « une sorte d’anxiété sociale caractérisée par la peur constante de manquer une nouvelle importante ou un autre événement quelconque donnant une occasion d’interagir socialement. » selon Wikipédia.
Une étude menée pour en savoir plus
En 2013, Andrew Przybylski à l’époque chercheur à l’université d’Essex en Angleterre et aujourd’hui directeur de recherche à l’Université d’Oxford, a mené une étude avec une équipe de chercheurs, inspirée par un article de 2011 du New York Times portant sur le sujet. En effet, Andrew Przybylski avait été surpris de « constater que personne en psychologie, en cyberpsychologie ou en communication ne l’avait réellement fait ».
Pour mesurer l’ampleur du FOMO, il a réalisé un questionnaire de 32 questions qu’il a posées à 672 hommes et 341 femmes, qui étaient pour la plupart originaires des Etats-Unis et de l’Inde. Ensuite, le nombre de questions a été réduit à 10, axées sur la peur psychologique de rater un événement. Son équipe et lui ont ensuite élargi l’expérience à un peu plus de 200 britanniques âgés entre 22 et 65 ans, avec des questions portant davantage sur leur engagement dans les médias sociaux, leur satisfaction dans la vie et leur autonomie, ainsi que leur vie quotidienne.
Les résultats ont donc montré que les personnes les plus touchées étaient celles qui avaient des besoins socio-psychologiques insatisfaits, notamment dans le fait d’être aimé ou d’être respecté. De plus, ils ont montré que les personnes les plus touchées étaient celles qui utilisaient le plus les réseaux sociaux.
Les médias/réseaux sociaux lui ont paru importants, c’est pourquoi il a décidé de retenter une expérience. Cette fois, 87 étudiants en première année ont servie de cobayes. Cela a donc révélé que les étudiants les plus touchés par le FOMO avaient des des expériences émotionnelles plus positives et des expériences émotionnelles plus négatives à la fois, ils ressentaient les émotions de façon plus intensives ; le tout autour des réseaux sociaux. Ils étaient également plus susceptibles de consulter Facebook ou d’autres réseaux sociaux pendant les cours. Pire encore, les étudiants les plus touchés étaient également plus susceptibles de conduire de façon beaucoup plus distraite, à savoir en envoyant des SMS ou des mails. Le FOMO va avec la capacité des gens à s’autoréguler et à se concentrer sur l’instant.
Voici ce qu’il a déclaré avec les résultats des études qu’il a menées :
« Pour les personnes qui se sentent très en sécurité dans leurs relations, leurs relations sont importantes pour elles, mais elles ne se sentent pas obligées de toujours être connectées. Les réseaux sociaux ne peuvent pas créer de tendance, mais il est probable que le partage soit facilité pour en exacerber les effets. »
Le commerce sur Internet, vecteur du FOMO
Une des raisons qui pousse le FOMO à se développer chez une personne, dans le cas d’Internet, c’est bien le commerce en ligne. En effet, il y existe certaine pratiques poussant la potentiel acheteur à dépenser de l’argent, mais s’il n’achète pas, il peut ensuite le regretter, et donc par la suite développer une sorte de phobie de manquer une offre alléchante.
Les ventes flash, et autres ventes privées sont une de ces pratiques. Pendant une durée limitée, et sur un stock de produits limité, on peut acheter un produit pour une somme très réduite, ce qui rend l’offre parfois très intéressante. Cela pousse évidemment les personnes à acheter de façon compulsive, sur un coup de tête.
Dans le même genre, on peut parler du Black Friday, véritable institution de la promotion aujourd’hui, et encore plus sur Internet. Début des achats pour les fêtes de fin d’année, ce vendredi, ou plutôt ces quelques jours, permettent d’avoir de très grosses promotions et incitent à l’achat également. C’est une vente flash générale de tous les produits. Evidemment, pendant cette période, on a peur de louper une offre intéressante.
Plus généralement, dans le marketing (digital surtout), le FOMO est utilisé afin de vendre toujours plus. Sur Wikipédia toujours, on nous donne une citation d’Alisa Bartash, qui a écrit un article de blog sur le sujet :
« Partagez des offres spéciales ou des expériences exclusives que vos followers sur les médias sociaux ne pourront pas refuser. Faites-en quelque chose pour lequel ils vont ressentir le besoin de participer ou d’en prendre avantage, faute de quoi ils manqueraient quelque chose ! »
On ne raterait rien sur les réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux seraient le principal vecteur du FOMO, et on arrive assez facilement à comprendre pourquoi. En effet, ces derniers ont été conçus pour que vous restiez un maximum de temps, et vous invitent à rester afin de ne rien rater. Bien que la plupart du temps le fil d’actualités soit quasiment infini, on n’en finit pas à « scroller », à descendre dedans, afin de tout voir, tout lire, tout écouter, pour ne rien rater. On s’en voudrait de ne pas avoir liké ou commenté la dernière photo de son ami, on s’en voudrait de ne pas avoir vu la dernière vidéo drôle qui fait le buzz, on s’en voudrait d’être le seul à ne pas avoir encore écouté la dernière chanson à la mode.
Autre fonctionnalité des réseaux sociaux qui peut déclencher le FOMO : les stories. D’abord apparues sur Snapchat, elles permettent de partager une photo ou une vidéo pendant 24 heures, avant que ce contenu même ne s’efface. Depuis, elles sont sur Instagram, sur Facebook, et sont de plus en plus complètes et de plus en plus de personnes les découvrent puis en postent. Après le fil d’actualités, on a envie de voir toutes les stories, pour ne rien rater, ce serait dommage.
YouTube peut également être un vecteur du FOMO. En effet, on est abonné à de plus en plus de chaînes, et les créateurs sont poussés à publier de plus en plus, ce qui fait que l’on se retrouve avec un fil d’abonnement bien rempli. Cependant, il ne faudrait pas rater la dernière vidéo de Cyprien ou de Squeezie.
Enfin, les messageries instantanées, souvent intégrées aux réseaux sociaux comme Facebook (Messenger) ou Instagram. On se sent obligé de répondre au dernier message, ou encore de lire tout les messages d’une conversation de groupe, pour comprendre et ne rien rater.
Conclusion
Si vous n’êtes pas totalement touché par le FOMO, il est fort probable que vous en ayez des comportements, ou des ressentiments. Internet est désormais fait de telle manière à ce que vous vous sentiez obligé de ne rien rater. Ce qui créé une sorte d’addiction, cela entraîne également une perte de l’ennui. Je finirai en citant Andrew Przybylski :
« Parfois, il est bon de s’isoler du monde des possibles. »