Le selfie est devenu une pratique récurrente sur les réseaux sociaux au fil du temps. On en voit partout, que ce soit sur Instagram ou encore Snapchat, réseaux sur lesquels des millions d’adolescents suivent des personnes correspondant exactement aux critères de beautés actuels, régis par ces mêmes réseaux sociaux. Un cercle vicieux dans lequel les adolescents sont perdus, et ont une mauvaise image d’eux-mêmes.
Selfie Harm, une série de photos de Rankin
Rankin est un photographe, réalisateur et éditeur britannique. Selfie Harm (littéralement le mal du selfie) est sa dernière série de photo, en collaboration avec M&C Saatchi, dans le cadre du projet Virtual Diet. En effet les membres de ce dernier on fait un constat :
« À l’ère des influenceurs, nous gavons de plus en plus chaque jour par milliers de milliers d’images. Des images à taille humaine, hyper-retouchées et sexuellement gratuites, sont diffusées rapidement. Ils nous laissent souvent nous sentir creux et inadéquats. Ce sont les calories vides. Les calories visuelles que nous buvons parce qu’elles sont là. Notre appétit pour ce type de contenu est insatiable. C’est du sucre visuel et nous sommes accro.
Leur but est de proposer un régime virtuel, selon eux la modération et l’équilibre sont la clé. Ils souhaitent « un monde où le succès ne se mesure pas par des mesures sociales, mais par le bien-être et une santé mentale positive ».
Bref, pour cette série, Rankin a photographié 15 adolescents âgés de 13 à 19 ans avec son appareil. Il leur a donné l’image et leur a demandé de la retoucher, de l’éditer afin qu’elle soit prête à être postée sur les réseaux sociaux.
Afin de retoucher les photos, une application pour smartphone a été confiée à ces adolescents, ils ont pu la prendre en main afin de retoucher leur photo, cela n’a pris que quelques minutes, et ce de façon très simpliste. Rankin a fait le choix de recruter des personnes extérieures à ces applications.
Voici ce à quoi veulent ressembler les adolescents sur les réseaux sociaux
Rankin a donc reçu les photos retouchées par ces 15 adolescents, voici le constat qu’il fait :
Les gens imitent leurs idoles, agrandissent leurs yeux, leur nez et leur peau, et tout cela pour les goûts des médias sociaux. C’est une autre raison pour laquelle nous vivons dans un monde de FOMO, de tristesse, d’anxiété accrue et de dysmorphie Snapchat. Il est temps de reconnaître les effets néfastes des médias sociaux sur l’image de soi des gens.
A noter que le FOMO (Fear Of Missing Out) est la peur de manquer un événement « important », que ce soit réellement ou superficiellement, le fait d’avoir peur de n’être pas à jour, ce qui oblige les gens qui en souffrent à être constamment connectés, notamment sur les réseaux sociaux.
En effet, lorsqu’on observe les clichés mis bout à bout, on remarque certaines choses récurrentes. Les yeux sont éclaircis, la peau est bien plus lissée, les « imperfections » telles que les boutons ou encore les marques de peau (cernes par exemples) sont effacées, les grains de beauté sont atténués. Le nez est amincit, affiné. Dans le cas des adolescentes, les lèvres sont rendues plus grosses, plus « pulpeuses ».
Voilà donc les critères de beauté à respecter si vous souhaitez récolter beaucoup de likes sur les réseaux sociaux. Cependant, ne vous inquiétez pas, ces code de beauté évoluent tout au long de l’Histoire, comme nous le montre cette vidéo.
Des applications de retouche photo piégeuses
Selon Rankin, il existerait des centaines d’application de retouche phot, très faciles à prendre en main comme nous en avons déjà parlé. Voici ce qu’il a déclaré au site Bored Panda :
« Ce que vous pouvez faire avec ces applications va bien au-delà de ce qu’un simple opérateur de Photoshop peut faire. La technologie évolue très rapidement et l’idée d’être quelqu’un de différent de celui que vous êtes peut être excitante, mais quels sont les pièges qui l’entourent. C’est ce que je demande. Si vous pouvez être même une version «plus raffinée» de vous-même, à quel point est-il difficile d’accepter ce que vous êtes réellement? C’est un terrain miné pour la santé mentale et ce projet ne fait qu’effleurer sa surface.
Les critères de beauté des réseaux sociaux de plus en plus dénoncés
Rankin est donc une personne dénonçant les codes de beauté de médias sociaux, mais ce n’est pas le seul. Sur Rotek, nous avions déjà parlé d’Angèle, qui dans son album Brol et plus particulièrement dans la chanson Victime des réseaux parle des utilisateurs qui veulent ressembler au personnalités les plus célèbres, qui seraient les plus belles.
On peut également parler de Nekfeu, qui dans sa chanson Réalité augmentée déclare par exemple : « Chirurgie virtuelle, aucune photo sans modification ». C’est un des thèmes principaux abordés dans le morceau.
Les voix s’élèvent également sur Internet, en particulier sur Slate.fr un site que j’affectionne particulièrement, et qui parle notamment du sujet dans plusieurs articles, notamment du lien étroit entre les réseaux sociaux et le physique des personnes.
Conclusion
Avec ce projet, Rankin montre une chose c’est que les réseaux sociaux ont créé de nouveaux codes de la beauté, qu’on retrouve bien évidemment chez les stars d’Instagram comme Emily Ratajkowksi, Kylie et Kendal Jenner. Si l’on peut casser ces réseaux sociaux avec un œuf, les diktats sont encore bien présents, les adolescents étant des personnes en construction intellectuelle et psychologique. Rankin a cependant ajouté que la majorité des personnes ayant participé au projet ont préféré la photo originale à celle retouchée.
Faites donc attention, si les réseaux sociaux sont une invention incroyable, ils ont cependant des effets pervers.