Une nouvelle campagne de prévention sur l’addiction auprès des 10-13 ans a provoqué un tollé général sur les réseaux sociaux. En cause : les jeux vidéo y sont mis au même niveau que l’alcool ou le tabac.
La campagne « Jeux vidéo, alcool, tabac : Je dis NON aux addictions » mise en cause
Le 6 janvier dernier, la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA) a annoncé un partenariat avec l’éditeur de presse Bayard Jeunesse. Cela consiste en une nouvelle campagne de prévention contre l’addiction aux jeux vidéo, à l’alcool et au tabac, à destination des pré-adolescents qui ont entre 10 et 13 ans. Ce communiqué sera distribué à « 1,5 million de de lecteurs d’Images Doc et J’aime Lire ».
Pour consulter cette opération, cliquez ici.
Tout d’abord, il y a une chose qui ne fonctionne pas d’emblée : J’aime Lire est réservé pour les 7-10 ans et Images Doc est réservé pour les 8-12 ans. On voit bien qu’on est pas complètement dans la cible. Ce communiqué explique donc aux enfants pourquoi ces addictions sont mauvaises, dans quelles situations on peut plonger dedans et comment en sortir. Cela est illustré notamment par de courtes bandes dessinées et dessins. Passons sur la qualité et la construction des explications et scénarios, sauf pour le cas des jeux vidéo.
Le traitement du jeu vidéo pose problème
C’est bien le jeu vidéo qui pose problème : d’ailleurs ils sont placés en premiers dans le nom de la campagne. Avant toute chose, voici le passage sur les jeux vidéo :
En effet, la situation est réaliste, pas de problème là-dessus. L’addiction aux jeux vidéo est effectivement reconnue par l’OMS. Après cette mise en situation, on nous montre diverses conséquences mais aussi solutions à ce problème, qui peut effectivement toucher les pré-adolescents. Par ailleurs, les conseils sont plutôt intéressants et pas dénués de sens.
Les jeux vidéo au même niveau que l’alcool : le problème
Voilà le réel problème de cette campagne de prévention. Les jeux vidéo sont mis exactement au même niveau que l’alcool ou le tabac. Une mise en relation qui n’a aucun intérêt : l’alcool et le tabac sont interdits aux mineurs, contrairement au jeu vidéo. Si cette activité était si nocive, elle serait tout simplement bannie pour les mineurs, au même titre que les jeux d’argent.
Ce qui ne va pas également, c’est le fait que le jeux vidéo peut avoir des propriétés bénéfiques, et ce même sur le long terme : ce n’est pas le cas du tabac ni de l’alcool. Cela fait que mettre toutes ces activités dans le même panier n’a aucun sens. À la rigueur, parler de l’addiction aux réseaux sociaux et au smartphone aurait été peut-être plus utile.
Alors oui, le jeu vidéo peut être une drogue, mais pas au point de l’alcool ou du tabac ; il reste avant tout un bien culturel.
Au passage, nous vous invitons à regarder le documentaire Qui sont les joueurs de jeux vidéo ? de Game Spectrum, disponible gratuitement sur YouTube !