Le 29 juillet 2015, Microsoft lançait Windows 10 avec une promesse révolutionnaire : ce serait le dernier Windows, un système d’exploitation évolutif qui se mettrait à jour indéfiniment. Dix ans plus tard, alors que sa fin de support est programmée pour octobre 2025, Windows 10 aura marqué l’histoire informatique comme l’un des OS les plus utilisés au monde. Retour sur une décennie tumultueuse qui aura vu Microsoft redéfinir sa relation avec ses utilisateurs.
À lire également : Comment créer un partage de connexion sur Windows 10
Le pari du « dernier Windows » : la vision ambitieuse de Windows 10
En 2015, Microsoft fait un pari audacieux. Fini les cycles de développement de plusieurs années, fini les nouvelles versions payantes tous les trois ou quatre ans. Windows 10 devait être le point final de cette logique, évoluant en permanence grâce à des mises à jour régulières et gratuites. Cette approche « Windows as a Service » révolutionnait la conception traditionnelle d’un système d’exploitation.
Cette stratégie répondait à plusieurs objectifs. D’abord, rattraper le retard accumulé face aux écosystèmes mobiles d’Apple et Google, qui se mettaient à jour fréquemment. Ensuite, éviter un nouveau fiasco comme Windows 8, en corrigeant rapidement les défauts plutôt que d’attendre une nouvelle version majeure. Enfin, unifier l’expérience utilisateur sur PC, tablettes et smartphones avec le projet d’Universal Windows Platform.
Le retour du menu Démarrer, absent de Windows 8, symbolisait cette volonté de réconciliation avec les utilisateurs. Microsoft écoutait enfin sa communauté et proposait un compromis intelligent entre tradition et modernité, mélangeant les tuiles dynamiques héritées de Windows Phone avec le menu classique tant réclamé.
À lire également : Passer à Windows 11, est-ce que c’est gratuit ?
Des innovations qui ont marqué leur époque
Windows 10 a introduit de nombreuses fonctionnalités qui sont aujourd’hui devenues incontournables. Cortana, l’assistante vocale de Microsoft, faisait ses premiers pas sur PC, rivalisant avec Siri d’Apple. Les bureaux virtuels permettaient enfin aux utilisateurs Windows de mieux organiser leurs espaces de travail, une fonctionnalité attendue depuis longtemps.
Microsoft Edge remplaçait Internet Explorer, marquant une rupture nette avec le passé. Le Microsoft Store tentait de créer un écosystème d’applications similaire à celui des mobiles, même si le succès ne fut pas au rendez-vous. Windows Hello introduisait l’authentification biométrique grand public, avec reconnaissance faciale et lecteur d’empreintes.
L’une des innovations les plus appréciées reste le Windows Subsystem for Linux (WSL), arrivé plus tard. Cette fonctionnalité permettait d’exécuter des environnements Linux directement sous Windows, séduisant les développeurs et marquant un rapprochement historique entre Microsoft et le monde open source.
Les polémiques qui ont terni l’image de Windows 10
Malgré ses qualités, Windows 10 n’a pas échappé aux controverses. La principale critique concernait la collecte de données personnelles. Par défaut, le système envoyait de nombreuses informations à Microsoft : habitudes d’utilisation, données de localisation, historique de navigation. Cette télémétrie, justifiée par l’amélioration de l’expérience utilisateur, a soulevé des inquiétudes légitimes sur la vie privée.
Les mises à jour forcées ont également créé de nombreuses frustrations. Microsoft imposait ses mises à jour majeures, parfois en redémarrant les ordinateurs sans prévenir. Certaines mises à jour ont causé des dysfonctionnements graves, supprimant des fichiers utilisateurs ou rendant des périphériques incompatibles. L’épisode de la mise à jour d’octobre 2018, qui effaçait les documents de certains utilisateurs, reste dans les mémoires.
La publicité intégrée au système a aussi dérangé. Microsoft affichait des publicités dans le menu Démarrer, l’écran de verrouillage et même l’explorateur de fichiers. Ces pratiques, inédites pour un système d’exploitation payant, ont été perçues comme une intrusion commerciale inacceptable par de nombreux utilisateurs.
Une adoption de Windows 10 massive malgré les critiques
Malgré ces polémiques, Windows 10 a connu un succès phénoménal. La mise à jour gratuite depuis Windows 7 et 8.1, proposée pendant la première année, a accéléré l’adoption. En 2019, Microsoft annonçait que Windows 10 équipait plus d’un milliard d’appareils dans le monde, un chiffre record atteint en quatre ans seulement.
Cette réussite s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la fin de support de Windows 7 en janvier 2020 a poussé de nombreuses entreprises et particuliers à migrer. Ensuite, les constructeurs PC ont massivement adopté Windows 10 comme système préinstallé. Enfin, la stabilité globale du système, malgré quelques ratés, a convaincu les utilisateurs professionnels. La pandémie de COVID-19 a même donné un second souffle à Windows 10. Avec le télétravail généralisé, les ventes de PC ont explosé, et Windows 10 en a profité. Les fonctionnalités comme Teams intégré ou les améliorations de sécurité sont devenues cruciales pour les entreprises.
L’évolution continue : de grandes mises à jour semestrielles
Fidèle à sa promesse, Microsoft a livré régulièrement de grandes mises à jour pour Windows 10. Chaque semestre apportait son lot de nouveautés : November Update, Anniversary Update, Creators Update, Fall Creators Update, April 2018 Update… Cette cadence soutenue a permis d’enrichir constamment le système.
Parmi les ajouts marquants, on peut citer l’arrivée de Timeline pour retrouver ses activités passées, les améliorations constantes de Windows Defender qui est devenu un antivirus crédible, l’intégration de votre téléphone pour synchroniser smartphones Android et iPhone, ou encore les espaces de travail adaptatifs qui s’ajustent selon l’utilisation. Cette approche évolutive a globalement fonctionné, même si elle a parfois créé une fragmentation. Tous les utilisateurs n’adoptant pas les mises à jour au même rythme, Microsoft s’est retrouvé à maintenir plusieurs versions simultanément, complexifiant le support.
La fin d’un rêve : Windows 11 sonne le glas
En juin 2021, Microsoft a créé la surprise en annonçant Windows 11, brisant ainsi la promesse du « dernier Windows ». Cette décision marquait l’abandon officiel de la philosophie Windows 10, même si Microsoft a tenté de justifier ce choix par des évolutions trop importantes pour une simple mise à jour.
Windows 11 introduisait des exigences matérielles strictes (TPM 2.0, Secure Boot, processeurs récents) qui excluaient de nombreux PC pourtant fonctionnels. Cette stratégie forçait un renouvellement du parc informatique, relançant les ventes de PC mais frustrant les utilisateurs d’anciennes machines. La fin de support de Windows 10, initialement prévue pour octobre 2025, mais récemment étendue, marque la fin d’une époque. Après dix ans de service, le système qui devait durer éternellement cède sa place, laissant derrière lui un héritage complexe fait de succès techniques et de controverses commerciales.
Un héritage durable dans l’histoire informatique
Au final, Windows 10 aura profondément marqué l’informatique personnelle. Il a démocratisé les mises à jour continues, aujourd’hui adoptées par tous les systèmes d’exploitation. Il a aussi normalisé la collecte de données utilisateurs, pour le meilleur et pour le pire. Enfin, il a prouvé qu’un système peut évoluer radicalement tout en conservant une base stable.
Avec plus de 1,4 milliard d’utilisateurs à son apogée, Windows 10 restera comme l’un des systèmes les plus utilisés de l’histoire. Son approche « as a Service » a inspiré toute l’industrie, et ses innovations techniques continuent d’influencer Windows 11 et ses successeurs. Alors que nous célébrons ses dix ans, Windows 10 nous rappelle qu’en informatique, rien n’est vraiment éternel, mais certaines innovations peuvent durer suffisamment longtemps pour transformer notre façon de concevoir la technologie.
Windows 10 : on répond à vos questions fréquentes
Le support de Windows 10 se termine officiellement le 14 octobre 2025, après dix ans de service.
Microsoft a justifié Windows 11 par des changements trop importants pour une simple mise à jour, notamment les nouvelles exigences de sécurité matérielle.
Officiellement non, mais certaines méthodes fonctionnent encore, bien que Microsoft ne les recommande plus.
Windows 10 compte encore plus d’un milliard d’utilisateurs actifs malgré l’arrivée de Windows 11.
Après cette date, Windows 10 ne recevra plus de mises à jour de sécurité, sauf pour les clients qui paieront un support étendu.
