Ce 13 février, le youtuber Mastu a publié le morceau Déprime avec un clip sur sa chaîne YouTube. Il parle de sa vie de youtuber, des problèmes et des questionnements qu’elle engendre.
Le clip de Déprime publié sur la chaîne YouTube de Mastu
Ce 13 février, le youtuber publie sur sa chaîne YouTube le clip de son premier morceau dans lequel il n’a pas de démarche humoristique/divertissante. Une surprise pour beaucoup, même si Mastu s’amuse de plus en plus à faire de la musique dans de courtes séquences dans ses vidéos.
Il donne d’ailleurs de courtes explications dans la description du clip, réalisé par Raska :
« Son écrit en Août dernier, tout premier clip de la chaîne
Énième son de youtubeur
J’ai adoré l’expérience, je me suis découvert une vraie passion S/O Théodort, c’est grâce à ses tips si ce son a pu voir le jour »
Déprime raconte le quotidien de Mastu
Un clip le mettant en scène notamment dans une soirée, probablement à Angers, mais aussi dans le noir, soit derrière un microphone, soit une caméra à la main. Il met ainsi en scène des parties de son quotidien, qui résonnent dans les paroles de Déprime. Un quotidien peu excitant contrairement à ce que l’on pourrait croire, comme il le dit dans le deuxième couplet :
« Les yeux collés sur mon téléphone (hé)
Toute la journée j’peux pas m’en passer
Les stats ont baissé mon égo est brisé
J’ai mal au ventre ça veut plus s’arrêter »
Il démystifie d’ailleurs ce métier qu’est celui d’influenceur, en rappelant que même avec un compteur d’abonnés à plusieurs chiffres, on n’est pas forcément le mieux entouré.
« Je fais un métier d’rêve c’est vrai, mais
Je n’en ressens pas les bienfaits
À part la thune ah oui c’est vrai, mais
J’suis solo pour la dépenser »
Le youtuber pointe du doigt certaines pratiques de ses confrères
Dans Déprime, Mastu fait régulièrement allusion à certaines pratiques des autres youtubers et influenceurs qu’il juge mauvaises, notamment ceux avides d’argent et de possessions matérielles :
« Pas envie de faire des feats avec des gens aussi cons
Prêts à tout pour renflouer les caisses qui payent leur maison (oui, ah oui)
C’est ça la raison, celle qui les pousse à t’baiser à la perfection »
Il parle également du gap entre le personnage joué par les influenceurs sur les réseaux sociaux et les personnes qu’ils sont réellement ; de par sa position, il a probablement du en côtoyer certains et les dénonce dans son morceau :
« Ton influenceur préféré n’est sûrement pas celui qu’il prétend être
Véhiculer de beaux messages
Défendre des causes sur les réseaux
Faire attention à son image
Tout est mignon et tout est beau
On a le parfait étalage
Du YouTubeur qui flatte son égo
Je n’supporte plus ce décalage
Entre leurs actions et leurs propos »
D’ailleurs, c’est également le cas pour Mastu et ce dernier ne s’en cache pas, il l’assume :
« T’es surpris tu pensais m’connaître ?
T’es trop naïf c’est juste internet »
Cela a des conséquences sur ses vidéos et sur sa chaîne YouTube ; il n’a plus envie de produire de divertissement si lui n’en ressent plus l’envie :
« Pas envie de tourner la vidéo il est trop tard
Et pourquoi est-ce que je ferais semblant tel un bâtard ? »
Des pratiques qui interrogent Mastu
Toutes ces questions d’argent, de pouvoir, de célébrité, interrogent Mastu, qui se dit pas à sa place dans ce monde et sur Internet. Il se sent plutôt coincé, étouffé :
« J’avoue que je m’sens bloqué
Sur les terres angevines j’ai du mal à respirer
Le lieu ne compte même pas
Je l’ai l’impression que peu importe le lieu où j’suis, j’suis pas là »
Et cela le poursuit dans ses relations sociales ; autant celles qu’il avait avant de devenir « célèbre » mais aussi celles qu’il commence à construire maintenant qu’il rencontre le succès sur YouTube :
« Pas facile de s’faire des potes quand t’es connu t’es coincé
T’as le melon quand tu dis qu’t’es fier d’avoir un peu percé
Toujours dans le doute quand tu rencontres un gars cool
L’est-il autant parce qu’il veut s’en mettre plein les fouilles ? »
Cela met Mastu dans une position délicate, il ne sait pas vraiment comment agir, car il n’a pas de modèle et s’interroge donc fortement sur sa place sur YouTube et dans le « monde de l’influence » :
« Pourquoi devrais-je continuer tout ça ?
C’est tout nouveau pas d’exemple devant moi
J’pense que tout le monde a sa place ici-bas
Mais pourquoi la mienne m’est si inconfortable ? »
En fait, ses interrogations sont tellement profondes qu’il va jusqu’à remettre en cause une bonne partie de son aventure sur YouTube : alors qu’il avait rencontré Amixem, ce dernier lui avait proposé de rejoindre la Redbox. Il a alors tout quitté : famille, amis, pour s’installer à Angers. Après toutes ces vues sur YouTube, il dit se rendre compte qu’elles ne sont pas vraiment importantes :
« Normal quand tu quittes tout tu n’attends qu’une chose c’est des vues
Une fois qu’tu les as tu t’rends compte que t’étais ridicule (oui, ah oui) »
Il touche du doigt un élément qui pourrait être une des raisons de son mal-être : son succès, trop rapide.
Un succès trop précoce ?
En fait, il regrette plus ou moins l’époque où il a commencé à faire des vidéos : les enjeux étaient moins grands, les impacts sur sa vie personnelle également.
« Encore au début d’l’aventure et pourtant il s’en est écoulé du temps
J’ai commencé dans ma voiture et j’étais vraiment doté d’un détachement »
Une déprime qui s’installe et qui ronge Mastu
Tous ces éléments ont des effets sur la vie personnelle de Mastu et il les ressent. Avec Déprime, il ne fait pas un plaidoyer, ni un discours victimaire, mais seulement un constat, une prise de recul :
« Tout ça m’affaiblit, trois ans dans le milieu et je finis en thérapie
Aucune honte à avoir
J’fais pas ça pour la fame ou la gloire
J’veux juste que les gens s’rendent compte qu’en taillant quiconque
C’est marrant deux secondes sauf quand c’est toi »
Après de longues interrogations, on sent qu’il commence à changer de perspective, en mettant un nom, un mot sur ce qu’il ressent : la déprime.
« On appelle ça la déprime
J’ai tous les symptômes et ce d’puis tout petit
Moi j’appelle ça « Vie d’adulte » ça fait des années que ça m’intoxique »
Avec son morceau Déprime, Mastu montre les effets négatifs de la popularité sur Internet. Un discours qu’on retrouve chez d’autres youtubers, qui, s’ils font toujours des vidéos, se sont mis à la musique. Ce sont les plus connus, évidemment Squeezie, Mister V avec son album Double V ou encore SEB avec sa chanson Taedium ; ils proposent dans leurs morceaux relatifs à cette question une certaine prise de recul et une volonté de garder la tête froide. Leur point commun avec Mastu est qu’ils ont connu le succès sur YouTube à des âges plutôt jeunes, ce qui pourrait expliquer une partie de leur ressenti.