« Intercepteurs » : comment traquer des pédophiles sur Internet

L’association Les Enfants d’Argus traque des pédophiles sur Internet qui cherchent à entrer en contact avec des enfants. Ils sont des milliers et des intercepteurs se mobilisent pour les traquer et les retrouver. Le documentaire Intercepteurs fait témoigner ces détectives de l’ombre.

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Le synopsis d’Intercepteurs

« 750 000 prédateurs sexuels sont connectés en permanence dans le monde, 71 % des enfants de 12 ans utilisent au moins un réseau social, 1 enfant sur 5 a déjà reçu des propositions sexuelles en ligne. Face à ce fléau, des bénévoles ont décidé de donner de leur temps pour combattre la pédo-criminalité en ligne. Ensemble, ils forment l’association Les Enfants d’Argus. Présents en France, dans les DOM-TOM et en Belgique, ils sont une trentaine de personnes bénévoles travaillant jour après jour dans un même but : débusquer les pédocriminels avant qu’ils ne fassent des victimes. »

Des milliers de pédophiles qui cherchent des enfants sur les réseaux sociaux

Ce que mettent en avant les réalisateurs Salim Keddouh et Maxence Saugrain, ce sont tout d’abord des statistiques effrayantes : en France, il y a des milliers de pédophiles et bien plus d’enfants, souvent de moins de 13 ans, qui sont en contact sur les réseaux sociaux. « 1 enfant sur 5 a déjà reçu des propositions sexuelles en ligne » : cela fait froid dans le dos. Ce qu’Intercepteurs raconte, c’est donc l’association Les Enfants d’Argus, ou plutôt ses membres et leurs pratiques. Quelques dizaines de personnes dans les pays francophones d’Europe et avec des missions différentes.

intercepteurs

Ils créent des comptes sur les réseaux sociaux et se font passer au maximum pour des enfants, avec un soin très important à la création de chaque identité. Ils n’ont pas besoin d’ajouter des personnes au hasard : les demandes arrivent vite. Alors, ils se mettent en contact avec ces personnes présumées pédophiles pour en savoir plus, dans le but de « débusquer les pédocriminels avant qu’ils ne fassent des victimes. » Des discussions qui durent parfois des mois : l’objectif étant de caractériser les infractions et surtout de collecter un maximum de détails sur la vie de ces hommes (le plus souvent), pour les retrouver.

L’OSINT comme outil de traque

C’est là que les enquêteurs des Enfants d’Argus entrent en jeu. Intercepteurs suit le début de parcours de Kaverneuil, un enquêteur fraîchement débarqué. À l’aide des discussions et des profils des pédocriminels, il s’attache à retrouver leur identité. Pour cela, tout est bon : messages, pseudos, photos, etc. Tout le monde laisse des indices sur Internet, parfois trop. Des données accessibles publiquement qui peuvent en révéler beaucoup.

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Encore une fois, l’OSINT prouve toute sa puissance. La photo de la barrière d’un balcon et le nom d’une ville peut tout bonnement permettre de retrouver une adresse. Et c’est même ce qu’il se passe dans de documentaire.

Une mission de service public face à un État qui n’a pas les ressources

Ensuite vient le dépôt de plainte. Comme l’écrit France Télévisions « dans 8 cas sur 10, leurs dossiers sont étudiés par un procureur. Dans 60% des cas, ils sont entendus comme témoin d’un dossier en cours. » Ils apportent alors toutes les preuves collectées : propos sexuels, photos non sollicitées, propositions de rencontres, etc. Autant d’éléments qui permettront aux enquêteurs (de la police) de caractériser réellement les infractions.

Puis, c’est le tribunal, où souvent Les Enfants d’Argus se portent partie civile. Ils participent au procès comme d’autres : famille, proches, victimes, etc. Le documentaire montre parfaitement le combat que c’est de traquer des pédocriminels sur Internet, de la demande d’ami sur Facebook à la condamnation lors d’un procès. Ce qu’il montre aussi (assez rapidement), c’est que l’État manque de moyens matériels et financiers pour suivre tous les dossiers en cours, mais aussi d’enquêter de son côté. Les chiffres sont clairs : traiter tous les cas est impossible, la justice n’en a pas du tout les moyens et exploserait si elle devait concrètement le faire. C’est là l’autre arme de l’association fondée par Cédric : l’éducation. On le voit aller dans les écoles informer les enfants des dangers des réseaux sociaux et des prédateurs comme ceux qu’il traque. Dire que ce n’est pas utile ou que c’est malsain d’apprendre ces choses aux enfants, c’est irresponsable.

Intercepteurs : un documentaire d’utilité publique

Si certains documentaires de la plateforme France.tv peuvent ne pas être très bien écrits ou rythmés, Intercepteurs sait choquer quand il le faut, redonner foi en l’humanité au bon moment, et donner de l’espoir. Tous les témoignages des membres de l’association sont différents, leurs missions aussi. Il arrive à dresser un portrait plutôt exhaustif de l’association et de ses pratiques. Et surtout : il démontre l’utilité publique de ses bénévoles, leur travail important, qui sauve des vies qui auraient pu être brisées.

Le documentaire est disponible gratuitement sur la plateforme France.tv jusqu’au 17 juillet 2027 et dure 46 minutes.

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