Le groupe Reworld Media annonce avoir signé un accord avec TF1 pour le rachat du groupe Unify, qui possède plusieurs marques médias comme Les Numériques, Gamekult, Doctissimo ou encore aufeminin. Seulement voilà, tous ces médias viennent de déménager au sein de la tour TF1 la veille de cette annonce. De quoi jeter un froid sur ce rachat qui n’intervient pas du tout au bon moment.
Reworld Media va faire l’acquisition d’Unify
L’intitulé exact est : « Reworld Media annonce avoir signé ce jour un accord avec le Groupe TF1 en vue de l’acquisition des actifs média et des activités digitales du pôle Publishers de UNIFY déployés en France et en Angleterre ». Cet accord « porte sur douze marques digitales dont certaines figurent parmi les plus emblématiques en France – aufeminin, Marmiton, Doctissimo, Les Numériques, Minute Buzz, Fraîches, Juste Mieux, Hero, Super Bon, Paroles de Maman, Gamekult, Beauté Test ». Mais ce n’est pas tout, puisque « le projet d’acquisition concerne également les activités de production audiovisuelle regroupées sous la marque Garage et les activités sociales et influence de Studio Fy ainsi que la régie publicitaire Unify Advertising.
Cela représente plus de 300 employés, pour un chiffre d’affaires annuel d’environ 60 millions d’euros. Reworld Media déclare vouloir « s’appuyer sur les compétences reconnues d’une équipe de plus de 300 collaborateurs et plus spécifiquement sur leurs savoir-faire en production de contenus, monétisation, « content to commerce » ainsi que dans la maîtrise des réseaux sociaux et de l’influence« .
Il y a quatre ans, TF1 avait créé Unify, un « pôle d’édition numérique, qui s’est construit autour d’une plateforme technologie et créé une régie publicitaire unique ». Dans le domaine de la tech, Unify c’est aussi CNET France et ZDNet.
Une annonce qui survient le lendemain du déménagement d’Unify
Ce communiqué intervient le lendemain du déménagement du groupe Unify au sein des locaux de TF1 dans la mythique Tour TF1 à Boulogne-Billancourt. Lâm Hua, responsable du service vidéo et animateur de la quotidienne tech des Numériques, raconte sur Twitter avoir eu son badge hier, pour apprendre aujourd’hui le rachat de son employeur.
Florian Agez, chef de rubrique jeu vidéo au sein du même média, confie sur Twitter que l’annonce du rachat a été faite en interne, mais que l’information a fuité « en quelques secondes ».
Reworld Media, c’est quoi ?
Sur la page Wikipédia du groupe média, on apprend que ce dernier a été créé en 2012 par Pascal Chevalier. Il s’agit du premier groupe de presse magazine français en nombre de journaux détenus. Mais ce qui le caractérise le plus, c’est la controverse qu’il y a autour de ce groupe. Il est accusé de racheter des titres de presse magazine en perte de vitesse, de maximiser les profits en se séparant d’une partie de la rédaction, en externalisant la production des contenus, mais aussi en abusant du brand content, le tout pour gagner de l’argent à court terme. C’est ce qu’avaient constaté les journalistes scientifiques de Science et Vie l’année dernière.
À l’époque, Julia Cagé, experte des médias et professeure d’économie à Science Po avait déclaré sur France Culture : « Reworld a racheté Science et Vie pour gagner de l’argent et va gagner beaucoup d’argent. Pourquoi ? Prenez un magazine qui coûte 100 millions d’euros à produire et qui rapporte 100 millions. Si vous êtes actionnaire, vous gagnez 0. Maintenant, faites partir la moitié de la rédaction : votre magazine dans un premier temps vous rapporte toujours 100 millions mais il vous coute 50 millions à produire. Chaque année, vous gagnez 50 millions de bénéfices. Quand vous êtes l’œil figé sur les chiffres, une entreprise cotée en bourse, vous gagnez plus d’argent ». Julia Cagé résume ici très bien ce qui est reproché à Reworld Media. Pour en savoir plus sur les pratiques et conditions de travail au sein du groupe, nous vous conseillons l’excellente enquête d’Arrêts sur Images par Justine Brabant.
Les réactions ne se sont pas faites attendre sur Twitter où plusieurs journalistes notamment ont fait part de leurs inquiétudes quant à ce rachat d’Unify par Reworld Media :
Chez Rotek, bien que nous ne soyons ni journalistes, ni professionnels, toutes nos pensées vont vers les journalistes concernés, notamment pour ceux de Les Numériques, Gamekult, ZDNet et CNET France.