La vidéaste et journaliste Marine Périn a réalisé en indépendant Traquées : un documentaire de plus d’une heure sur les cyberviolences conjugales disponible gratuitement sur YouTube. Un documentaire qui raconte les parcours de plusieurs femmes et d’un ancien cyberharceleur pour montrer les schémas qui se créent.
À lire également : Le cybersexisme, qu’est-ce que c’est ?
Qu’est-ce c’est les cyberviolences conjugales ?
Marine Périn définit les cyberviolences conjugales comme « les manières dont un conjoint violent peut utiliser les outils numériques pour exercer des violences ». Une définition courte mais générale : beaucoup d’exemples sont donnés dans Traquées.
Traquées : des femmes victimes témoignent à visage découvert
Cela commence dès les premières secondes de la vidéo, avec une scène où Marine Périn joue un personnage féminin. Son conjoint imaginaire lui envoie un message sur Messenger pour lui demander avec qui elle est, il a vu qu’elle était connectée sur WhatsApp et lui demande à qui elle parle. Un début de cyberviolence conjugale qu’on retrouve dans plusieurs témoignages, dont certains vont très loin. Un conjoint peut exercer ces violences en volant/exigeant les mots de passe du téléphone, des réseaux sociaux de la victime. D’autres vont demander à appeler leur victimes pour être sûrs qu’elle ne les trompent pas, quand d’autres vont activer la géolocalisation pour savoir à tout moment où est leur victime. Dans Traquées, des femmes parlent à visage découvert des violences qu’elles ont subies : l’une d’entre elle raconte même qu’elle devait filmer avec un deuxième téléphone tout ce qu’elle faisait et tout ce qu’il se passait.
Un schéma qui revient presque à chaque fois
Au fil des histoires racontées, Marine Périn identifie un schéma, un cercle d’événements qui se déroulent presque à chaque fois. Un schéma qui permet d’identifier les cyberviolences conjugales, pour les repérer et les résoudre :
- Montée de la tension dans le couple : un conjoint qui va être violent pense que son conjoint le trompe, etc.
- Les cyberviolences conjugales sont commises
- Justification des violences : le conjoint violent se justifie et culpabilise la victime
- « Lune de miel » : le moment ou le conjoint violent se calme, les tensions s’appaisent
Le problème dans ce schéma, c’est qu’il ne se répète pas qu’une seule fois, mais de nombreuses voire de très nombreuses fois. Ce processus renforce l’emprise du conjoint violent sur sa victime.
Les outils numériques comme problème et solution aux cyberviolences conjugales : Traquées se montre nuancé sur les nouvelles technologies
Ce dont on se rend compte dans toutes les histoires qu’on nous raconte, c’est qu’à chaque fois la technologie est présente : sans les téléphones, les messageries instantanées, les photos, les vidéos, les appels à répétition, etc. ces femmes ne seraient pas vraiment traquées. Sans les outils numériques, on ne peut pas géolocaliser une victime, on ne peut pas la harceler de messages.
Mais d’un autre côté et c’est là où Marine Périn fait nuance, les outils numériques sont de formidables moyens permettant à ces mêmes victimes de s’en sortir. Elles peuvent avoir des preuves de ces cyberviolences, mais aussi prendre contact, notamment avec des associations féministes comme c’est montré dans le documentaire. En fait, les outils numériques ne sont pas les sources de ces violences, juste un moyen différent de les exercer ; les schémas de violence et de harcèlement conjugaux sont les mêmes avec ou sans et c’est sur ce point qu’il faut informer le plus possible selon la journaliste/vidéaste.
Traquées dure une heure et dix minutes et est disponible gratuitement sur YouTube :
