Une récente étude l’Observatoire Régionale de Santé (ORS) Île-de-France vient de révéler que l’enjeu de l’impact des écrans sur le sommeil en particulier chez les jeunes est de santé publique et largement sous-estimé.
Une étude réalisée par l’Organisation Régionale de Santé Île-de-France
Une étude intitulée Le sommeil chez les jeunes franciliens à l’ère du numérique : un enjeu de santé publique largement sous-estimé a été publiée sous la direction de Bobette Matulonga. Elle rappelle que le sommeil est important et que mal dormir est un facteur aggravant de certaines pathologies et qu’il apparaît comme un véritable « déterminant de santé » en particulier chez les jeunes. L’ORS met en avant le fait qu’aujourd’hui et surtout chez les jeunes, tout le monde soit très connecté à Internet, de par les smartphones et leur connectivité quasi-constante. Le but de l’étude a donc été de faire le bilan des connaissances sur les habitudes de sommeil chez les jeunes et l’impact des écrans sur celui-ci.
Bien sûr, elle montre que les jeunes sont davantage exposés à des troubles du sommeil et que ces troubles sont encore plus fréquents pour la région Île-de-France. Cependant, ce n’est pas vraiment ce qui nous intéresse dans cet article, si le constat est fait, c’est davantage la place des écrans dans le sommeil qui nous intéresse. Si vous souhaitez en savoir plus sur les résultats de l’étude concernant les troubles du sommeil, nous vous renvoyons à la synthèse de l’étude.
Le sommeil grandement impacté par les écrans
Au cours des deux dernières décennies, l’ORS a remarqué que le sommeil a diminué, tant en temporalité qu’en qualité. Si les causes ne sont pas formellement établies, elle parle d’un « effet générationnel » se manifestant par « l’avènement du numérique et de l’usage des écrans ». Elle rappelle que la proportion des internautes chez les jeunes Français est aujourd’hui proche de 100%. Le fait que les appareils soient aujourd’hui très accessibles, très pratiques et très connectés les rend très attractifs, et donc très addictifs. Cela fait que la littérature ainsi que les médias traditionnels (télévision, radio, presse papier) sont délaissés et que les jeunes se privent de sommeil pour « rester connectés ». Cependant, tous les médias ont pour conséquence une réduction du temps de sommeil.
Les changements du sommeil causés par l’usage des téléphones et ordinateurs portables
L’ORS a déterminé que l’usage de tous ces écrans est associé à « une réduction de la durée totale du sommeil, à un allongement de la durée d’endormissement, à des troubles du rythme circadien et à des sommeils non réparateurs ». La qualité et la temporalité sont donc impactés ; cela est causé par « La présence des écrans dans l’espace nuit, les activités dans l’heure avant le coucher, les activités interactives nocturnes, l’usage des écrans plus de deux heures par jour ou après 21 heures ou en position couchée ». L’ORS met également en cause l’utilisation des smartphones, qui peuvent impacter la nuit par leurs notifications intempestives, les multiples usages et le manque de régulation des parents.
Cependant, l’usage prolongé des écrans ne nuit pas qu’au sommeil, mais à la santé en général. En effet, l’étude déclare que les jeunes impactés souffrent de vulnérabilité générale, et plus particulièrement de dépression, des troubles de relations sociales, des mauvaises performances scolaires, des troubles de santé mentale, à des maladies chroniques (l’obésité a été évoquée). Par ailleurs, la lumière bleue produite par ces écrans peut avoir des impacts sur la vision et provoquer des maux de tête, c’est pourquoi il est recommandé d’activer le mode sombre au maximum.
Les solutions proposées par l’ORS pour lutter contre les pratiques addictives liées à l’utilisation des smartphones
L’étude parle donc de pratiques addictives quand elle évoque l’utilisation des écrans par les jeunes. L’ORS pointe du doigt le manque de campagnes d’éducation populaire que l’on peut connaître traditionnellement pour l’activité physique, contre le tabac, l’alcool et autres drogues. D’ailleurs, une campagne de ce genre avait été lancée contre les jeux vidéo, l’alcool et le tabac, mais de façon très maladroite. Elle propose donc des opérations à mettre en place telles que « une semaine sans écran auprès des jeunes » comme cela se fait contre les autres pratiques addictives ; mais aussi « l’obligation des messages d’avertissement de danger lié à un usage excessif des écrans » ou encore « la diffusion des comportements nécessaires pour un bon sommeil » et « des mesures d’autoévaluation du sommeil ». Elle souhaite que les pouvoirs publics mettent en place un plan national stratégique intégrant des dimensions sociétales et culturelles. Voici sa conclusion :
« L’usage excessif des écrans nuit à la santé en général et au sommeil en particulier. Les pouvoirs publics devraient mettre en place des mesures efficaces pour encadrer ce secteur en pleine expansion car les habitudes de sommeil dépendent de l’individu lui-même mais s’accommodent aussi à la société et aux politiques qui régissent le lieu de vie. »
Une étude se voulant plutôt alarmiste donc, mais qui souhaite tout de même faire changer les choses dans une France qui dort mal.