Depuis 2012, le Mali est le théâtre d’une révolution énergétique sans précédent en Afrique et même au monde. La compagnie Hydroma y transforme l’hydrogène naturel en électricité propre. Une prouesse technologique qui fait de son fondateur, Aliou Boubacar Diallo, le pionnier de cette ressource totalement vertueuse. Et qui pourrait faire du Mali la première économie décarbonée du continent.
Aujourd’hui en Afrique, la transition énergétique relève encore trop souvent du pur discours politique comme pour le concept de l’émergence…Mais, dans certains pays, elle devient peu à peu une réalité grâce à d’ambitieux entrepreneurs. C’est surtout le cas au Mali, où le milliardaire Aliou Boubacar Diallo a fondé en 2006 une compagnie d’exploration de gaz naturel. Baptisée Hydroma, cette entreprise depuis 2012 de l’électricité propre grâce à l’hydrogène naturel. Cette ressource est perçue comme le parfait candidat de la transition énergétique en Europe, mais elle ne bénéficie pas encore de l’attention des gouvernements. Ceux-ci lui préfèrent pour l’instant l’hydrogène vert manufacturé, qui serait plus facile à produire. On mesure ainsi l’ampleur de la prouesse réalisée par Hydroma au Mali.
Plus de 700 milliards de mètre cube d’hydrogène naturel rien qu’à Bourakébougou
Seule compagnie énergétique à ne pas avoir fermé à cause de l’instabilité chronique au Mali, Hydroma à mener d’importants travaux dans le cercle de Kati, plus précisément dans la zone de Bourakébougou. Elle a réussi à identifier une vingtaine de puits positifs, dont l’un est en exploitation non commerciale depuis 2012. Hydroma a également pu estimer les réserves d’hydrogène naturel à plus de 700 milliards de mètre cube seulement à Bourakébougou. Les découvertes d’Hydroma ont été confirmées par un rapport de qualification et d’évaluation 51-101. Aussi, la célèbre revue Elsevier (ScienceDirect) a parlé d’une gigantesque découverte d’hydrogène naturel sous tout le craton ouest africain.
Un train à hydrogène au Mali
En considérant la superficie du Mali, Aliou Diallo est convaincu que son pays pourrait produire beaucoup d’hydrogène vert dans un avenir proche. De quoi à faire du Mali, un gros fournisseur d’électricité propre en Afrique. Et pas que. Le PDG d’Hydroma a prévu la construction d’un train à hydrogène naturel pour relier la capitale Bamako à Kayes. Il a déjà proposé ses services pour le redémarrage du chemin de fer avec son nouvel engin. Le milliardaire malien souhaite également fabriquer des piles à combustibles pour la mobilité légère et lourde. Par ailleurs, il compte produire de l’engrais à partir de l’ammoniac en mélangeant l’hydrogène à de l’azote. « On peut être la première économie décarbonée du continent africain, le premier pays à faire rouler les trains à hydrogène, le premier pays avec des voitures à hydrogène et le premier à produire de l’électricité avec de l’hydrogène », a récemment souligné Aliou Diallo.
Un pipeline pour approvisionner l’Europe
Fait remarquable, Hydroma ne veut pas se limiter à l’Afrique. La compagnie ambitionne approvisionner l’Europe en hydrogène naturel et vert via un futur pipeline de 4700 kilomètres, qui partira de Bourakébougou jusqu’aux portes de l’Espagne. L’hydrogène vert sera très bientôt produit dans une dizaine de pays africains dont le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. De vastes champs de panneaux solaires sont déjà en construction pour les besoins de ce projet. Selon Aliou Diallo, l’Afrique consommera à peine 5% de sa production d’hydrogène. Donc, l’excédent devrait aller à l’export, surtout vers le vieux continent, dont la production pourrait ne pas suffire malgré les plans à plusieurs milliards d’euros. La demande étant trop élevée et les conditions de fabrication trop limitées (manque d’espace pour des champs de panneaux photovoltaïques, un taux d’ensoleillement bas, etc.).