Gran Turismo

Gran Turismo, le film : pas assez de jeu vidéo ?

Il y a quelques jours est sorti en salles Gran Turismo, le film, pas le jeu vidéo. Une initiative transmédia racontant l’histoire vraie d’un joueur acharné du jeu de simulation de course, devenu pilote professionnel.

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Le synopsis de Gran Turismo

« Gran Turismo retrace l’incroyable histoire vraie d’une équipe d’outsiders : un gamer issu de la classe ouvrière, un ex-pilote de course raté et un cadre idéaliste de l’industrie du sport automobile. Ensemble, ils risquent tout et s’attaquent au sport le plus élitiste au monde.

Inspirant, palpitant et bourré d’action, le film GRAN TURISMO prouve que rien n’est impossible quand on est déterminé à prendre tous les risques. »

Allociné

Le film Gran Turismo délaisse-t-il trop le jeu au profit de la course ?

Ce dont on se rend compte rapidement, c’est qu’il n’est pas temps question de jeu vidéo, que de course automobile. Et c’est là que se situe le paradoxe de Gran Turismo (à la fois le film et la licence de jeu vidéo) : le jeu, parce qu’il est avant tout une simulation et présenté comme tel, n’est pas une fin, mais un moyen.

Gran Turismo

On ne parle à aucun moment d’esport, et la seule compétition du jeu, c’est pour finir pilote dans la vraie vie. C’est dommage, puisqu’on se détache un peu trop de l’esprit de Gran Turismo : il n’est pas assez arcade pour aller vers de l’esport. Ce qui fait qu’au final, bien qu’on explique la passion du jeu, on en sort assez vite.

Ce n’est pas un film adapté de jeu vidéo, et heureusement

Pourtant, le film aurait pu être un naufrage, un four, et à la sortie de la séance, ce n’est pas vraiment l’impression qu’on a. Loin d’un Need for Speed, Gran Turismo le film a su tout de même trouver une forme d’équilibre entre jeu vidéo et course automobile. L’un fait indéniablement référence à l’autre autour de la licence de PlayStation, mais aussi et surtout autour de la passion de l’automobile.

Gran Turismo

De toute manière, parce que Gran Turismo est une simulation de course (c’est d’ailleurs répété très fréquemment dans le film, parfois jusqu’à en être lourd et pas du tout subtil), c’est conceptuellement impossible de créer un film autour, si ce n’est un documentaire. C’est d’ailleurs les airs que prend de temps en temps le long métrage, en expliquant d’où vient le pilote, d’où vient le jeu et l’histoire du programme GT Academy, organisé par Nissan et qui a réellement existé.

Quelques poncifs scénaristiques et de la course automobile

Autre manque de subtilité du film : le scénario, qui est finalement assez plat. Un vieux briscard qui a abandonné sa passion et à qui on demande d’y retourner, un jeune qui poursuit un rêve auquel ses parents ne croient pas, une histoire d’amour naissante, etc. Tout cela s’anticipe (trop) facilement, d’autant plus dans les dialogues. À certains moments, des personnages prononcent des phrases qui sont prémonitoires : si ça s’arrêtait là, ce serait bien. Sauf qu’au moment où on les entend, on sait qu’elles le sont : ça gâche toutes les « surprises ».

Gran Turismo

Loin d’avoir regardé tous les épisodes de Formula 1 : Drive to Survive, j’ai l’impression qu’il y a quelques facilités prises avec la réalité du monde de la course automobile. Pour créer du spectacle, on crée des rivalités entre pilotes, on met des voitures invraisemblables sur les pistes et surtout on n’a l’impression que les règles de la course automobile sont absentes (comportements des pilotes en course, accidents sur le circuit, etc.).

Une mise en scène timide, mais qui fait son effet

Néanmoins, le spectacle est là, ou suffisamment assez. Au vu des plans proposés et des effets spéciaux créés, Gran Turismo n’est pas une superproduction à près d’un milliard de dollars, non. Beaucoup de plans de course sont très serrés, les plans aériens timides : on sent à certains moments des limitations dans le budget alloué à la production. À certains moments, la caméra semble se fixer derrière la voiture, comme si on était dans le jeu. C’est malin, mais peut être pas suffisamment utilisé intelligent : ce n’est pas assez relié aux parallèles que fait Jann Mardenborough entre sa manette et son volant.

Gran Turismo
Gran Turismo – Etats-Unis – 2h14 – 9/08/23 – Réalisateur : Neil Blomkamp – Scénariste : Jason Hall et Zach Baylin – LEGENDE PHOTO : Archie Madekwe

Heureusement, Gran Turismo, le film, peut compter sur quelque chose d’universel : la passion qu’amène le sport. On sent la sportivité de la course automobile, le suspense de qui va prendre la pole position, des accidents sur le circuit, des rebondissements comme sait en proposer la course automobile. Le tout est renforcé avec un casting qui fonctionne, quoiqu’un peu trop dans le stéréotype parfois. Les plus grands fans de sport automobile auront des frissons garantis durant les scènes de courses.

Que retiendra-t-on de Gran Turismo ?

Et si Jann Mardenborough ne « méritait » pas qu’on fasse de film sur lui ? Et si l’histoire de la GT Academy n’était pas assez surprenante pour qu’on la presse au sérieux à ce point ? Si Gran Turismo est aujourd’hui un bon jeu de simulation, sa pratique n’est plus réellement moquée, surtout dans le monde de la course. À l’heure actuelle, tous les pilotes pratiquent sur simulateur, afin de multiplier les heures de conduite, de mémoriser les virages, de s’entraîner sur les trajectoires, en minimisant les coûts. Ce n’était peut-être pas le cas à l’époque de ce concours, ni même aux ébauches du projet de film.

Gran Turismo

Tout cela en fait un film assez plat, peu surprenant, qu’on retient moins que d’autres films de course, comme Le Mans 66, La Coccinelle ou encore Rush. Le tout malheureusement enrobé d’un peu trop de publicité pour Nissan et pour PlayStation (Sony). Si Gran Turismo n’est pas un mauvais film tiré d’un jeu vidéo, c’est justement parce qu’il se détache sûrement trop du jeu vidéo, à cause justement de son genre, la simulation. Malheureusement, le scénario est trop stéréotypé et la mise en scène trop timide pour qu’on retienne vraiment Gran Turismo, le film.

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