Que détenir quand le cycle tourne : choisir les classes d’actifs selon l’inflation, la liquidité et le régime de taux

Les cycles de marché ne préviennent pas. Ils tournent discrètement, souvent sous la surface, avant que les gros titres ne rattrapent la réalité. Pour les investisseurs en 2025, repérer ces points d’inflexion et savoir quoi détenir quand ils arrivent, distingue les portefeuilles réactifs des portefeuilles résilients.

À mesure que les cycles macro évoluent, différentes classes d’actifs passent en grâce ou en disgrâce. Une inflation élevée appelle des couvertures. Une liquidité serrée pénalise l’effet de levier. La hausse des taux frappe les actifs de croissance à longue duration (short duration), tandis que la baisse des taux les ravive. Dans un monde où banques centrales, politique budgétaire et flux de capitaux mondiaux dictent les prix, l’allocation d’actifs n’est pas statique, elle est stratégique.

Avertissement : Cet article a une vocation purement informative et ne constitue en aucun cas un conseil en investissement personnalisé. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Tout investissement comporte des risques de perte en capital. Consultez un conseiller financier agréé avant toute décision d’investissement.

Les trois forces macro qui façonnent le comportement des actifs

Quand on pense à acheter des actifs, il ne s’agit pas seulement de choisir entre actions, obligations ou cryptomonnaies. Chaque cycle de marché est guidé par trois grandes forces macroéconomiques qui influencent directement la valeur des investissements.

1. Inflation

Quand l’inflation monte, le pouvoir d’achat baisse. Les obligations traditionnelles souffrent et les investisseurs recherchent des actifs réels ou des instruments indexés. Quand l’inflation recule, les actifs de croissance ont tendance à se reprendre.

2. Liquidité

Cela renvoie à la disponibilité du capital dans le système financier fixée par les banques centrales, l’activité de crédit et le sentiment des investisseurs. Une forte liquidité soutient la prise de risque spéculative. Une faible liquidité provoque resserrement, désendettement et pression sur les marges.

3. Taux d’intérêt

Les taux d’intérêt déterminent le coût du capital. La hausse des taux renchérit l’emprunt et pénalise les actifs à longue duration. La baisse des taux soutient les multiples actions, le refinancement de la dette et les actifs à levier.

Comprendre l’interaction de ces forces permet d’incliner son portefeuille de manière proactive et non réactive.

Quand l’inflation monte : détenir des actifs réels et de la courte duration

En régime inflationniste, le rendement nominal compte moins. Ce qui importe, c’est le rendement réel, la performance après inflation.

Ce qui a tendance à surperformer :

  • Matières premières (pétrole, or, cuivre, agriculture)
  • Actions de l’énergie et actifs d’infrastructure
  • Obligations indexées sur l’inflation (TIPS, gilts indexés)
  • Obligations de courte duration ou à taux variable
  • Immobilier avec clauses d’indexation des loyers (REITs, immobilier tokenisé)

Pourquoi cela fonctionne :

  • Les matières premières sont directement liées aux prix d’intrants et à la demande mondiale
  • Les TIPS s’ajustent à l’IPC, préservant le revenu réel
  • Les loyers immobiliers peuvent être révisés plus vite que les salaires ou les prix des biens
  • Le crédit de courte duration limite l’exposition à la pentification des courbes

Ce qu’il faut sous-pondérer :

  • Obligations d’État de longue duration
  • Actions de croissance non rentables
  • Dette à coupon fixe faiblement rémunérée

Astuce de stratégie : lors des pics d’inflation, combinez actifs réels et instruments à ajustement dynamique (ex. fonds à taux variable ou T-bills tokenisés avec réinitialisations quotidiennes).

Quand la liquidité se resserre : détenir du cash, de la qualité et des revenus décorrélés

Les cycles de liquidité précèdent souvent ou accompagnent les changements d’inflation et de taux. Quand les banques centrales retirent de la liquidité (QT, réduction de bilan, normes de crédit), les actifs risqués peuvent baisser indépendamment des fondamentaux.

Ce qui a tendance à surperformer :

  • Cash et monétaires court terme
  • Actions de qualité versant des dividendes
  • Obligations investment grade à échéances courtes
  • Crédit privé ou crédit structuré low beta
  • Revenus alternatifs décorrélés (redevances, dette d’infrastructure)

Pourquoi cela fonctionne :

  • Le cash devient précieux quand d’autres sont forcés de vendre
  • Les actions de qualité (faible levier, marges solides) résistent mieux en période de resserrement
  • Les alternatives peu corrélées aux marchés publics stabilisent le revenu

À éviter :

  • Meme stocks ou tech spéculative
  • ETF à levier ou fonds dépendant d’afflux constants
  • Crypto-actifs à faible utilité et forte volatilité

Astuce de stratégie : surveillez M2, taux repo et bilans des banques centrales. En 2025, des outils comme Koyfin et MacroMicro aident à suivre cela en temps réel.

Quand les taux montent : détenir la valeur, les dividendes et des flux de trésorerie « durs »

Des taux plus élevés nuisent aux actifs dépendants de la croissance future car la valeur actuelle des bénéfices futurs diminue. Les activités capitalistiques et les sociétés endettées souffrent aussi du risque de refinancement.

Ce qui a tendance à surperformer :

  • Actions value (financières, industriels, énergie)
  • Sociétés distributrices de dividendes à flux de trésorerie stables
  • ETF sectoriels financiers (les banques élargissent leurs marges d’intérêt)
  • Crédit de courte duration ou dette à taux variable
  • T-bills tokenisés offrant en 2025 un rendement stable de 4–6%+

Pourquoi cela fonctionne :

  • Les valeurs se paient sur les flux d’aujourd’hui, pas sur des promesses lointaines
  • Les financières élargissent souvent leur NIM quand les taux montent
  • Le cash et les quasi-cash deviennent attractifs par rapport aux actions

À éviter :

  • Obligations très longues
  • Tech de croissance non rentable
  • Immobilier ou biotech à longue duration et revenus différés

Astuce de stratégie : envisagez des échelles d’obligations (bond ladders) ou des ETF de duration dynamique qui ajustent l’exposition au gré des taux. Surveillez les Fed funds futures et les courbes de swaps pour anticiper les retournements.

Quand les taux baissent : détenir croissance, duration et crédit

Quand les taux commencent à baisser, c’est souvent que l’inflation refroidit ou que l’économie ralentit. C’est généralement haussier pour les actions et les obligations, surtout pour les secteurs à potentiel bénéficiaire de long terme.

Ce qui a tendance à surperformer :

  • Actions de croissance (technologie, biotech, énergies propres)
  • Obligations d’État et d’entreprises de longue duration
  • REITs et immobilier générateur de revenus
  • Crypto-actifs avec le retour de la liquidité vers le risque
  • Crédit à haut rendement et dette émergente

Pourquoi cela fonctionne :

  • La baisse des taux réduit les taux d’actualisation, soutenant les valorisations de croissance
  • Les obligations montent quand les rendements baissent, offrant des plus-values
  • L’immobilier et la crypto profitent de coûts de financement plus faibles et d’un appétit pour le risque

Ce qu’il faut réduire :

  • Positions très liquides (le coût d’opportunité grimpe)
  • Stratégies ultra-défensives ou très courte duration
  • Portefeuilles fortement pondérés en matières premières (sauf fort rebond de la croissance)

Astuce de stratégie : profitez de cette phase pour pivoter hors du défensif vers des actifs de plus longue duration avec un fort potentiel de hausse.

Aide-mémoire rapide des classes d’actifs par condition macro

ConditionMeilleurs actifs à détenir
Inflation élevéeMatières premières, TIPS, REITs, crédit courte duration
Liquidité en resserrementCash, actions de qualité, crédit privé, obligations IG
Taux en hausseValeurs, banques, actions à dividendes, dette à taux variable
Taux en baisseActions de croissance, obligations longues, crypto, REITs, high yield

Lire les signaux : comment savoir que le cycle tourne

La plus grande erreur des investisseurs est de réagir après le retournement. À ce moment-là, les meilleurs gains ou les pires dégâts sont déjà en cours. Comment repérer plus tôt le changement ?

Surveillez ces signaux clés :

  • Langage des banques centrales : inflexions accommodantes, pauses, baisses surprises
  • Chiffres d’inflation vs attentes : des surprises à la baisse signalent des retournements
  • Pentification ou inversion de la courbe des taux : renseigne sur le régime de taux et le risque de récession
  • Indicateurs de liquidité : expansion ou contraction de M2, réserves des banques centrales
  • Spreads de crédit : élargissement = peur ; resserrement = confiance qui revient

En 2025, beaucoup utilisent des flux IA, des calendriers économiques et des tableaux de bord macro pour suivre ces évolutions. Mais l’essentiel reste simple : suivez les données, pas le vacarme.

Dernières réflexions : s’adapter, ne pas prédire

Vous n’avez pas besoin de deviner l’avenir. Vous devez vous préparer au changement. Les meilleurs investisseurs en 2025 n’ont pas des portefeuilles rigides. Ils ont des cadres flexibles qui s’adaptent à l’inflation, à la liquidité et aux taux.

Chaque phase du cycle récompense différents actifs. Votre rôle n’est pas de surfer éternellement la même vague, mais d’ajuster intelligemment le mix.

Alors, quand le cycle tourne, qu’il s’agisse de la politique, des prix ou des flux de capitaux, la question est : êtes-vous positionné pour subir ou en profiter ?

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