À l’heure où les VPN sont devenus des outils courants pour sécuriser ses connexions et protéger sa vie privée, le choix du protocole utilisé par ces services joue un rôle central. Parmi les nombreux protocoles disponibles, un nom revient systématiquement : OpenVPN.
OpenVPN n’est pas un service VPN à part entière, mais un protocole libre et open source, utilisé par la majorité des fournisseurs du marché pour établir des connexions sécurisées. Sa réputation de robustesse, de souplesse et de fiabilité en a fait une référence incontournable, aussi bien chez les professionnels que chez les particuliers.
Qu’est-ce qu’OpenVPN ?
OpenVPN est un protocole VPN libre et open source, développé à l’origine par James Yonan en 2001. Contrairement à des protocoles propriétaires ou à des solutions tout-en-un, OpenVPN est d’abord un moteur de connexion sécurisée, qui permet de créer des tunnels chiffrés entre un client et un serveur — en d’autres termes, de relier deux points à travers Internet en toute confidentialité.
Ce protocole repose principalement sur la bibliothèque OpenSSL et sur les protocoles TLS (Transport Layer Security) pour assurer à la fois le chiffrement et l’authentification des échanges. Il est capable de fonctionner sur les protocoles de transport UDP ou TCP, selon les besoins, et il peut traverser la majorité des pare-feux et des NAT sans difficulté.

L’une des particularités d’OpenVPN, c’est sa grande flexibilité. Il peut être utilisé pour :
- Créer un VPN personnel ou d’entreprise hébergé sur un serveur dédié ou un routeur ;
- Configurer des connexions site-à-site (entre deux réseaux distants) ;
- Ou tout simplement servir de protocole d’acheminement sécurisé dans un service VPN commercial.
OpenVPN est également multiplateforme. Il fonctionne sous Windows, macOS, Linux, Android, iOS, et même sur des distributions spécialisées comme pfSense, OpenWRT, Tomato ou DD-WRT. Son format de configuration repose sur des fichiers .ovpn, qui définissent les paramètres du tunnel VPN (certificats, ports, serveurs, méthodes de chiffrement, etc.). Ce caractère libre, modulaire et robuste en fait aujourd’hui un standard de l’industrie VPN, à la fois pour les particuliers exigeants et pour les professionnels de la cybersécurité.
Comment fonctionne OpenVPN ?
Le fonctionnement d’OpenVPN repose sur une architecture en tunnel chiffré, dans laquelle toutes les données sont encapsulées et sécurisées avant d’être transmises via Internet. Ce tunnel est établi entre un client (votre appareil) et un serveur VPN, selon une configuration définie par des fichiers .ovpn. Voyons plus en détail les composants clés de cette mécanique.
SSL/TLS
Contrairement à d’autres protocoles VPN comme L2TP ou PPTP, OpenVPN utilise SSL/TLS (Secure Sockets Layer / Transport Layer Security), des standards éprouvés utilisés notamment pour sécuriser les sites web en HTTPS. Cette couche de sécurité permet :
- Le chiffrement des données, via OpenSSL, avec des algorithmes comme AES-256 ou ChaCha20 ;
- L’authentification mutuelle, grâce à des certificats numériques ou des identifiants.
Cette approche rend le protocole extrêmement sécurisé, tout en étant capable de traverser la plupart des pare-feux en se faisant passer pour du trafic HTTPS classique.
TCP ou UDP
OpenVPN peut utiliser UDP ou TCP comme protocole de transport :
- UDP (User Datagram Protocol) est souvent préféré, car il est plus rapide, avec une latence plus faible, ce qui le rend idéal pour le streaming ou le gaming ;
- TCP (Transmission Control Protocol) est plus fiable, mais plus lent, parce qu’il vérifie que chaque paquet est bien reçu. Il est utilisé lorsque la stabilité est prioritaire.
L’utilisateur ou le fournisseur de VPN peut choisir quel protocole utiliser selon le cas d’usage et l’environnement réseau.
Interface réseau virtuelle : TUN ou TAP
OpenVPN repose sur la création d’une interface réseau virtuelle, c’est-à-dire un périphérique logiciel simulant une carte réseau. Deux options sont disponibles, TUN et TAP :
- TUN (pour network TUNnel) opère au niveau IP (couche 3 du modèle OSI). Il encapsule les paquets IP classiques et les transporte à travers le tunnel VPN. C’est le mode le plus utilisé, car il est léger, rapide, et parfaitement adapté aux usages quotidiens : navigation, téléchargement, visioconférence, etc. C’est le mode par défaut de la plupart des VPN commerciaux.
- TAP (pour network TAP) simule une interface Ethernet complète (couche 2), ce qui permet de transporter tout type de trame réseau, y compris des protocoles non-IP. Ce mode est utilisé dans des cas plus rares, notamment pour créer un pont réseau (bridging) entre deux réseaux distants, ou pour des environnements où la transparence réseau est primordiale (jeux en réseau local, accès à des ressources Samba, etc.).
À noter : TAP est souvent désactivé par défaut sur les plateformes mobiles et nécessite des permissions spécifiques. En revanche, TUN est presque universellement supporté, et reste le meilleur choix pour 99 % des utilisateurs.
Sécurité renforcée
L’un des atouts majeurs d’OpenVPN, c’est sa flexibilité en matière de sécurité. Conçu dès l’origine pour s’adapter aux exigences les plus strictes, il offre une panoplie d’options avancées permettant de verrouiller efficacement les communications. Parmi les nombreuses fonctionnalités de sécurité avancées qu’OpenVPN propose, on peut notamment citer la Perfect Forward Secrecy (PFS), qui génère de nouvelles clés de chiffrement à intervalles réguliers, garantissant ainsi qu’un attaquant interceptant une clé ne pourra pas accéder aux sessions passées ou futures.
OpenVPN repose également sur l’usage de certificats X.509 issus d’une infrastructure de gestion de clés (PKI), permettant d’authentifier chaque client et chaque serveur de manière unique. Il prend en charge les jetons cryptographiques matériels, comme les smartcards ou les HSM, via l’interface PKCS#11, offrant ainsi une couche supplémentaire d’authentification. Enfin, des mécanismes de renforcement du processus viennent compléter ce dispositif : abaissement des privilèges utilisateur après initialisation, recours à la fonction mlockall() pour empêcher le stockage de données sensibles en mémoire paginée, ou encore enfermement du processus dans un environnement cloisonné via chroot, autant de bonnes pratiques qui témoignent de la rigueur du projet OpenVPN en matière de sécurité.
Ces mécanismes sont essentiels pour les professionnels de la sécurité, mais ils profitent aussi aux utilisateurs exigeants. Ce niveau de granularité fait d’OpenVPN un outil à la fois grand public et pro, capable de s’adapter à presque tous les scénarios.
Quels sont les avantages d’OpenVPN ?
S’il est autant plébiscité par les fournisseurs de VPN, les entreprises et les utilisateurs avancés, c’est parce qu’OpenVPN cumule un ensemble d’avantages techniques, sécuritaires et pratiques rarement réunis dans un seul protocole. Voici ce qui en fait un choix de référence.
Open source, donc transparent
Premier avantage : OpenVPN est un logiciel libre et open source, sous licence GPL. Son code est accessible publiquement sur GitHub et GitLab, audité par la communauté et par des chercheurs en cybersécurité. Cela garantit une transparence totale sur son fonctionnement, à l’inverse de protocoles propriétaires dont les failles peuvent rester cachées.
Cette ouverture permet aussi des audits indépendants réguliers, ainsi qu’une réactivité exemplaire en cas de vulnérabilité découverte. Le fait qu’il soit activement maintenu depuis plus de 20 ans témoigne de sa maturité et de sa robustesse.
Compatible avec presque tout
OpenVPN est multiplateforme par excellence. Il fonctionne sur :
- les systèmes d’exploitation classiques : Windows, macOS, Linux, BSD,
- les mobiles : Android, iOS,
- les routeurs et firmwares comme OpenWRT, pfSense, DD-WRT ou Tomato,
- et même dans des environnements virtualisés ou embarqués.
Peu de protocoles offrent une telle compatibilité, ce qui fait d’OpenVPN un choix idéal pour des déploiements homogènes à grande échelle, ou pour des besoins hybrides client-serveur.
Sécurité éprouvée
OpenVPN s’appuie sur les bibliothèques cryptographiques éprouvées d’OpenSSL, et propose un chiffrement fort (AES-256, ChaCha20, etc.), un échange de clés sécurisé via TLS, et des mécanismes d’authentification avancée.
Il intègre aussi des options telles que la Perfect Forward Secrecy, des certificats uniques par client, la gestion de jetons cryptographiques, ou encore la protection contre les fuites DNS. Avec une bonne configuration, il est considéré comme l’un des protocoles VPN les plus sûrs du marché.
Flexible et modulaire
OpenVPN peut être utilisé pour créer un VPN personnel autohébergé, mettre en place des connexions site-à-site entre réseaux distants, servir de base pour un service VPN commercial ou encore sécuriser des connexions ponctuelles avec des profils personnalisés.
Il prend en charge des scripts d’authentification personnalisés, des plug-ins dynamiques, des intégrations LDAP ou RADIUS, des politiques de pare-feu adaptatives… Il s’adapte à votre usage, pas l’inverse.
Résilient aux blocages
Enfin, contrairement à certains protocoles facilement détectables et bloqués par des FAI ou des pare-feux, OpenVPN peut fonctionner sur le port 443 en TCP, exactement comme un site HTTPS. Cela lui permet de contourner la plupart des systèmes de censure ou de filtrage réseau. C’est aussi pourquoi de nombreux services VPN l’utilisent comme “protocole fallback”, lorsque WireGuard ou IKEv2 ne passent pas.
Les limites d’OpenVPN : ce qu’il faut savoir avant de l’adopter
Malgré sa réputation bien méritée et sa place de choix parmi les protocoles VPN les plus utilisés, OpenVPN n’est pas exempt de défauts. Comme tout outil, il présente certaines limites qu’il est bon d’avoir en tête pour choisir la solution la plus adaptée à vos usages.
L’une des principales critiques concerne sa consommation de ressources. Parce qu’il repose sur la bibliothèque OpenSSL et fonctionne intégralement en espace utilisateur, OpenVPN est plus exigeant en calcul que des alternatives plus modernes comme WireGuard. Sur un appareil peu puissant, ou un smartphone, cela peut impacter la fluidité de la connexion et réduire l’autonomie de la batterie. En d’autres termes, c’est un protocole robuste, mais pas forcément le plus léger.
À cela s’ajoute une complexité de configuration qui peut dérouter les utilisateurs non avertis. OpenVPN brille par sa flexibilité, mais cette richesse se traduit souvent par une myriade de paramètres, de fichiers de configuration et de scripts à maîtriser. Pour une personne qui souhaite simplement “cliquer et se connecter”, cela peut devenir un obstacle, surtout en auto-hébergement.
Autre point à considérer : la performance en situation de mobilité. Lorsqu’un utilisateur passe fréquemment d’un réseau à un autre — du Wi-Fi à la 4G par exemple — OpenVPN met parfois un certain temps à rétablir la connexion. Ces délais, bien que souvent brefs, peuvent provoquer des interruptions, notamment si le tunnel VPN repose sur TCP. Des protocoles comme IKEv2, conçus pour la résilience réseau, gèrent mieux ces transitions.
Enfin, OpenVPN n’est pas intégré nativement dans les systèmes d’exploitation, contrairement à IPsec ou IKEv2. Il nécessite l’installation d’un client dédié, ce qui peut représenter une contrainte supplémentaire dans un contexte professionnel ou pour des utilisateurs peu techniques.
OpenVPN face aux autres protocoles VPN
OpenVPN est l’un des protocoles les plus réputés du marché, mais ce n’est pas le seul. Il cohabite aujourd’hui avec d’autres standards plus récents ou plus intégrés, comme WireGuard, IKEv2/IPsec, L2TP, ou encore SSTP. Chacun de ces protocoles présente ses forces, ses faiblesses, et s’adresse à des usages spécifiques.
OpenVPN vs WireGuard
C’est sans doute la comparaison la plus actuelle. WireGuard, lancé en 2019, est souvent présenté comme l’alternative “next-gen” à OpenVPN. Il brille par sa légèreté, sa rapidité et son code source minimaliste (environ 4 000 lignes contre plus de 100 000 pour OpenVPN), ce qui facilite les audits de sécurité.
WireGuard s’impose comme le choix par défaut pour les usages mobiles, les connexions rapides et les utilisateurs qui recherchent une configuration simple et performante. Il est toutefois encore jeune et ne propose pas toutes les options avancées de routage ou d’intégration qu’offre OpenVPN, notamment en entreprise ou pour des infrastructures complexes. Par exemple, le VPN le plus sécurisé du monde, Mullvad, utilise à la fois OpenVPN et WireGuard.
OpenVPN vs IKEv2/IPsec
Le duo IKEv2/IPsec est souvent préinstallé dans les systèmes comme Windows, macOS ou iOS, ce qui facilite son intégration native. Il offre d’excellentes performances, notamment en mobilité, grâce à sa capacité à reconnecter automatiquement le tunnel VPN lors d’un changement de réseau. C’est donc un protocole très apprécié sur smartphone ou pour les voyageurs.
Là encore, OpenVPN reste plus modulable, mais IKEv2 séduira par sa stabilité et sa simplicité, surtout dans les environnements où une configuration manuelle n’est pas souhaitée.
OpenVPN vs L2TP/IPsec
L2TP, souvent couplé à IPsec, a longtemps été un standard, notamment dans les VPN intégrés à Windows. Mais aujourd’hui, il est largement dépassé. Moins rapide, plus facile à bloquer par les pare-feu, et sujet à des vulnérabilités historiques, il n’est plus vraiment recommandé. OpenVPN lui est supérieur sur tous les plans, à la fois en sécurité, en flexibilité et en compatibilité réseau.
OpenVPN vs SSTP
SSTP est un protocole propriétaire développé par Microsoft. Il a l’avantage d’être très bien intégré à l’écosystème Windows, et de passer efficacement les pare-feu puisqu’il utilise le port HTTPS (443). En revanche, il est fermé, peu audité par la communauté, et dépend fortement de l’environnement Microsoft.
OpenVPN, de son côté, bénéficie d’un code open source vérifié, maintenu et amélioré depuis plus de 20 ans, ce qui le rend plus fiable dans des contextes multi-plateformes ou exigeant un haut niveau de transparence.
Cas d’usage de OpenVPN
S’il existe aujourd’hui des alternatives plus modernes, OpenVPN conserve une pertinence forte dans de nombreux scénarios. Sa flexibilité, sa compatibilité multi-plateformes et son niveau de sécurité en font un protocole particulièrement adapté à des usages variés, allant du particulier technophile à l’entreprise exigeante.
Pour les particuliers avertis ou passionnés de cybersécurité, si vous êtes de ceux qui aiment comprendre ce qui se passe “sous le capot” ? OpenVPN est une véritable boîte à outils pour les utilisateurs avancés. Il permet une personnalisation poussée : configuration fine des ports, choix des algorithmes de chiffrement, scripts personnalisés, double authentification, compression des flux… Les possibilités sont quasi infinies. De plus, de nombreux fournisseurs VPN proposent encore aujourd’hui des fichiers .ovpn préconfigurés, qu’il suffit d’importer dans le client OpenVPN pour se connecter en toute simplicité.
Pour les entreprises et administrateurs réseau : OpenVPN est largement utilisé en entreprise, notamment dans les PME ou les structures ayant besoin de connexions site-à-site sécurisées, ou de solutions de télétravail personnalisables. Grâce à ses capacités de routage avancées (TUN/TAP), il peut intégrer des politiques réseau complexes, gérer des certificats internes, et être couplé à des systèmes d’authentification comme LDAP ou RADIUS. L’édition OpenVPN Access Server, bien que propriétaire, facilite encore davantage le déploiement à grande échelle avec une interface Web d’administration, la gestion des utilisateurs et la génération d’installateurs personnalisés.
Pour l’auto-hébergement et les serveurs personnels, OpenVPN s’impose comme une valeur sûre. Vous pouvez l’installer sur un serveur Linux ou un Raspberry Pi pour accéder à votre réseau local à distance, en toute sécurité. Il fonctionne très bien derrière un pare-feu ou une box Internet, et permet un accès chiffré à vos services auto-hébergés (NAS, caméra IP, domotique…). Avec des solutions comme pfSense, OPNsense, OpenWrt ou encore DD-WRT, il est possible d’intégrer OpenVPN directement dans le firmware de votre routeur. Ainsi, tous les appareils de votre foyer sont protégés sans configuration individuelle.
Pour les contextes soumis à la censure ou aux restrictions réseau, puisqu’il peut emprunter le port 443 en TCP (le même que le HTTPS), OpenVPN est capable de contourner de nombreuses restrictions mises en place dans certains pays, écoles, ou entreprises. En le combinant avec un proxy ou une obfuscation TLS, il devient très difficile à détecter. C’est une arme efficace contre les censures réseau, pour qui souhaite naviguer librement.
Notre avis sur OpenVPN en 2025
OpenVPN n’a peut-être plus l’aura « grand public » des solutions prêtes à l’emploi comme NordVPN ou ExpressVPN, mais il reste une référence incontournable dans l’univers du VPN. En 2025, malgré l’émergence de protocoles plus récents comme WireGuard, il continue de séduire par sa fiabilité, sa flexibilité et sa transparence.
C’est un choix privilégié par les professionnels, les entreprises et les utilisateurs exigeants, notamment ceux qui souhaitent conserver la maîtrise totale de leur infrastructure VPN. Son caractère open source, son historique de sécurité solide, ainsi que la richesse de sa documentation en font un outil extrêmement complet, capable de s’adapter à des contextes très variés.
Mais OpenVPN n’est pas forcément fait pour tout le monde. Il demande une courbe d’apprentissage plus marquée, et un minimum de connaissances techniques pour en tirer parti efficacement. Ce n’est pas le VPN “plug-and-play” comme ProtonVPN ou encore Cyberghost VPN que l’on recommande à un utilisateur néophyte souhaitant simplement sécuriser son Wi-Fi dans un café. En revanche, pour les passionnés d’auto-hébergement, les admins réseau en quête de personnalisation, ou les freelances techs qui souhaitent déployer leur propre serveur VPN, OpenVPN reste un outil d’une puissance redoutable.
Et si vous cherchez à faire le pont entre une solution open source robuste et un déploiement plus accessible, la version commerciale OpenVPN Access Server peut offrir un bon compromis avec son interface web et ses assistants de configuration. En résumé : OpenVPN n’est pas le VPN de tout le monde… mais il est le VPN de ceux qui veulent tout comprendre et tout contrôler.