Rotek

Addiction au smartphone, enquête statistique

Découvrez une enquête statistique sur l’addiction au smartphone de la population française. Une enquête menée par Hugo Bernard et Marie Rabillon dans le cadre d’un cours de traitement d’enquêtes à Campus Tech.

Avant toute chose, il est à savoir que deux entretiens individuels ont été réalisés dans le cadre de l’enquête. Cependant ils ont été menés avec des personnes auxquelles ont a déclaré que ces entretiens ne seraient utilisés que pour le travail scolaire. Cette publication sortant de ce cadre, nous avons décidé de ne pas les inclure. Vous retrouverez toutefois en annexe la grille d’entretien qui a été utilisée.

L’addiction au smartphone, une médiatisation de plus en plus forte

Dans les médias et dans l’imaginaire collectif, on entend de plus en plus parler de personnes qui passent trop de temps sur leur smartphone ou qui sont trop attentives à cet appareil. En témoigne le livre Lâche ton téléphone ! – Programme de détox digitale de Catherine Price qui montre comment et pourquoi les applications de notre téléphone sont conçues pour nous rendre accros à elles. S’en suit un programme de désintoxication « digitale » pour aider les lecteurs du livre à se détacher de leur téléphone.

Cependant, jamais l’OMS ni quelque autre organisme de santé international n’a décrit l’utilisation « abusive » du téléphone portable comme une addiction. L’une des questions que l’on peut alors se poser c’est : est-ce que la population est accro à son smartphone ? D’autres questions viennent alors : si oui, se considère-t-elle comme telle ? Quelles sont les personnes les plus susceptibles de souffrir d’une addiction à leur téléphone ? Comment la population utilise-t-elle leur smartphone ? Enfin, est-ce que cette addiction ou ces comportements addictifs sont acceptés dans la société ? Tant de questions auxquelles notre enquête va essayer de répondre.

Méthodologie utilisée

Outils et thématiques traitées

Avant toute chose, il convient de définir ce qu’est une addiction. L’Organisation Mondiale de la Santé la définit comme « un ensemble de phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques dans lesquels l’utilisation d’une substance psychoactive spécifique ou d’une catégorie de substances entraîne un désinvestissement progressif des autres activités. ». Cette définition fait partie de la 10ème Révision de la Classification statistique internationale (CIM-10). Elle intègre plusieurs critères pour le diagnostic d’une addiction :

On peut aussi reprendre les manifestations d’une addiction comprises dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) de l’American Psychiatric Association (APA) :

Pour réaliser le questionnaire, nous avons utilisé Google Forms pour éditer nos questions car nous trouvions ce logiciel plutôt simple d’utilisation. Tout d’abord nous avons fait une introduction qui présente notre projet. Nous avons choisi de commencer par les questions socio-démographiques car cela nous semblait plus logique vu qu’ensuite nous demandions à la personne interrogée si elle possédait un téléphone, si elle disait non le questionnaire était terminé. Puis nous avons traité les questions dans un ordre précis les plus simples à répondre et plus générales en premier, et les questions les plus complexes et précises à la fin. De plus, nous avons fait des sous-catégories suivant la réponse de la question précédente, pour avoir une enquête des plus précises. Pour les réponses à choix multiples nous avons mis de nombreuses catégories afin que le répondant ne se sente pas piégé et puisse s’exprimer comme il le souhaite. Certaines questions sont obligatoires mais pas toutes afin de laisser la possibilité au répondant de ne pas répondre et de ne pas se sentir bloqué. Pour finir, nous avons essayé de faire un questionnaire complet mais qui n’est pas non plus trop long car sinon les personnes sont vites découragées et ne finissent pas le questionnaire.

Par rapport à la grille d’entretien nous avons repris les questions posées dans les questionnaires mais en allant plus en profondeur et en étant plus précis. Nous avons essayé de laisser place à une discussion et non à simple entretien pour pouvoir avoir un réel échange sur le sujet, cela permet de faire en sorte que le sujet se confie davantage.

Les résultats de l’enquête sur l’addiction au smartphone

Qui a répondu au questionnaire ?

Parmi les participants au questionnaire, 60% étaient des femmes et 38% étaient des hommes. On compte :

Nous avons aussi questionné les personnes sur la catégorie socio-professionnelle (CSP) à laquelle elles appartiennent. Parmi les réponses, on retrouve :

Avec ces chiffres, on voit que l’échantillon n’est pas du tout représentatif de la population française, on a une majorité d’étudiants entre 18 et 25 ans ayant répondu au questionnaire.

Les résultats tirés du questionnaire

Nous avons reçu et traité 234 réponses au total. Voici les résultats de l’enquête sur l’addiction au smartphone :

Qui a répondu quoi à telle ou telle question ?

Afin de connaître les profils les plus susceptibles d’être atteints d’une addiction, nous avons créé des tableaux croisés dynamiques à partir du tableur de résultats obtenu.

Le temps d’écran

Sur ce tableau on peut observer une tranche légèrement plus élevée de femmes qui passent plus de deux heures par jour sur leur téléphone.

Avec ce tableau, on voit bien que les personnes de moins de 18 ans à 35 ans sont celles qui passent le plus de temps quotidiennement sur leur téléphone.

Parmi les personnes ayant essayé de réduire l’utilisation de leur téléphone portable, on remarque que celles l’utilisant le plus sont celles qui n’ont pas réussi.

L’utilisation du téléphone durant d’autres activités

Les femmes sont légèrement plus amenées à regarder leur téléphone durant d’autres activités que les hommes très souvent.

Tout comme pour le temps d’écran, les populations qui ont entre 18 et 35 ans sont celles qui regardent le plus souvent leur téléphone durant d’autres activités.

Les employés, les étudiant et les ouvriers sont ceux qui regardent souvent ou très souvent leur téléphone durant d’autres activités.

Se perdre sur son téléphone

se perdre sur ton téléphone

Pareil ici, les femmes sont légèrement plus à faire autre chose avec leur téléphone que ce qu’elles voulaient faire à la base dans les fréquences « Souvent » et « Très souvent ».

Ce sont ceux qui ont entre 18 et 35 ans qui se « perdent » le plus sur leur téléphone pour les fréquences « Souvent » et « Très souvent ».

Par rapport aux CSP, on remarque que les employés, les étudiants et les ouvriers sont ceux qui sont le plus amenés à se « perdre » sur leur smartphone dans les fréquences élevées.

L’analyse des résultats : l’addiction au smartphone

On ne peut pas considérer la population étudiée comme accro à son téléphone puisque l’étude n’est pas scientifique et n’a pas la capacité à répondre à cette question. Cependant, on peut remarquer certains comportements addictifs chez les personnes interrogées comme :

Cependant, parmi les personnes ayant la volonté de réduire l’utilisation (sur une journée ou à plus long terme), globalement elles réussissent et ne ressentent pas forcément de manque. Cependant cela est biaisé par le fait que les personnes utilisant le plus leur téléphone sont celles qui ont le plus échoué (malheureusement pas assez de statistiques dessus).

Concernant le fait que la population se considère elle-même comme addict, plusieurs questions permettent d’avoir un début de réponse :

Acceptation de l’addiction au smartphone : avec les chiffres récoltés, l’utilisation trop abusive du téléphone paraît comme assez banale, par le fait que l’entourage ne reproche pas à la personne interrogée son utilisation ou que les situations où on lui fait remarquer son banales : à table, en famille, devant la télévision, etc.

Le téléphone apparaît comme un objet très répandu avec de nouvelles fonctionnalités, qui permet de faire plein de choses via pleins de moyens : on a plusieurs réseaux sociaux, plusieurs applications de messagerie, d’actualités et de jeux.

Parmi nos hypothèses, aucune ne peut être vraiment validée ou infirmées, mais on observe cependant un penchant de comportements addictifs desquels il est difficile de se détacher, et qu’ils ne paraissent pas mal vus par la société (parmi les personnes interrogées). Hypothèse : elle est acceptée parce qu’on n’en voit pas directement les conséquences, peut-être partagée par un très grand nombre.

Les limites de l’enquête sur l’addiction au smartphone

Plusieurs limites sont présentes dans notre enquête, tout d’abord nous avons diffusé le questionnaire sur deux réseaux sociaux qui sont Facebook et Twitter. Nous avons donc touché que des utilisateurs de ses réseaux sociaux qui font partis de notre cercle d’amis et donc une majorité d’étudiant. 

Nous n’avons aussi pas pu étudier tous les critères, tous les éléments pour en conclure qu’il y a une addiction telle quelle. Pour finir, il aurait fallu étudier plus de personnes pour porter des conclusions plus poussées.

Recommandations pour limiter l’addiction au smartphone

Si on se base sur les conclusions de l’enquête ainsi que les informations dans les livres ou autres ressoures sur Internet, nous pouvons réaliser quelques recommandations pour réduire voir même stopper son addiction au smartphone.

Établir des limites

On peut distinguer deux limites : le temps d’utilisation limité pour ne pas passer des heures à scroller sur Instagram ou Tiktok par exemple et définir des espaces sans téléphone.

Temps d’utilisation limité : encouragez-vous à fixer des limites de temps d’écran quotidien pour vous-même et pour les membres de votre famille.

Espaces sans téléphone : créez des zones dans la maison où les téléphones ne sont pas autorisés, comme la chambre à coucher ou la table pendant les repas en famille.

Utilisation des fonctionnalités du smartphone

Pour mieux gérer son addiction, vous pouvez contrôler les notifications en fonction de l’application mais aussi la manière de les afficher. La configuration dépend en fonction de votre appareil. Cela permet de réduire les distractions permanentes, envisagez de désactiver les notifications fréquentes. De plus, l’utilisation du mode « Ne pas déranger » s’avère bénéfique en bloquant les appels et les notifications à des moments spécifiques, telles que les heures de sommeil, offrant ainsi des périodes de tranquillité propices à une meilleure concentration et à un repos adéquat. Sur iOS, il y a le mode « Sommeil » qui permet de ne plus reçevoir de notifications 45 minutes avant d’aller se coucher pour se concentrer sur soi.

Prendre conscience de son addiction au smartphone

On n’améliore que ce que l’on mesure. Certaines personnes ne réalisent pas combien de temps elles passent sur leur téléphone alors utilisez les applications ou les réglages intégrés pour surveiller votre temps d’écran et visez progressivement à le diminuer. De plus, définissez des plages dédiées de déconnexion par exemple, qu’il s’agisse d’une heure par jour ou d’une journée par semaine, favorisant ainsi des pauses numériques régulières pour une meilleure équilibre dans votre vie.

Une vidéo intéressante à ce sujet est celle de Léo Duff qui a passé trois jours sans technologie :

Annexe

Questionnaire en version intégrale

Parmi les personnes possédant un téléphone portable :

Pour les personnes ayant déjà essayé de passer une journée sans leur téléphone :

Pour les personnes n’ayant jamais essayé de passer une journée sans leur téléphone :

Suite du questionnaire :

Pour les personnes ayant déjà essayé de réduire l’utilisation de leur téléphone portable :

Pour les personnes n’ayant jamais essayé de réduire l’utilisation de leur téléphone portable :

Fin du questionnaire :

Qu’avez-vous pensé de ce questionnaire, avez-vous des remarques ou des choses à ajouter ?

Grille d’entretien

Thème Sous-thème Relance 
Présentation de la personne interrogée Nom, prénom, âge, profession. Son équipement (possède-t-il un téléphone, quel genre de téléphone, possède-t-il un forfait internet) 
Temps d’écranCombien de temps la personne pense-t-elle passer sur son téléphone par jourCombien de temps elle en passe réellementSa réaction par rapport à la différence entre son estimation et la valeur réelle
ApplicationsNombre d’applications de réseaux sociauxNombre d’applications d’actualitésNombre d’applications de messagerie instantanéeNombre de jeux installésRéaction par rapport aux chiffres (beaucoup, pas beaucoup, etc.)La personne utilise-t-elle toutes ces applications régulièrement ?
Utilisation du téléphoneSortez-vous votre téléphone sans raison particulière ? Ressentez-vous un malaise lorsque vous n’avez pas votre téléphone à portée de main ? Utilisation du téléphone pendant d’autres activités Êtes-vous amené malgré-vous à faire autre chose sur votre téléphone que ce que vous vouliez faire à la base ? L’utilisation de votre téléphone gène-t-elle votre entourage ?Dans quelles situations la personne sort-elle son téléphone sans raison particulièrePourquoi regarde-t-elle son téléphone durant d’autres activités ?Qu’est-ce qui l’amène à faire autre chose que ce qu’elle voulait faire à la base ?En quoi son utilisation du téléphone gêne-t-elle son entourage (situations, fréquence, etc.) ?
Passer une journée sans son téléphoneAvez-vous déjà essayé de passer une journée dans votre téléphone de façon volontaire ? Pourquoi avez-vous  voulu essayé de passer une journée sans votre téléphone ? Avez-vous réussi ? Avez-vous ressenti un certain manque ? Seriez-vous prêt à réitérer cette expérience ? Si non, seriez-vous prêt à tenter l’expérience ? 

Résultats de l’enquête sur l’addiction au smartphone

Cliquez ici pour retrouver les résultats de notre enquête statistique sur l’addiction au smartphone.

Quitter la version mobile